Mon histoire commence avec ma sœur qui devait subir des traitements de radiothérapie à l’hôpital Maisonneuve/ Rosemont. Tous les jours, je l’ai conduite à ses traitements. Par la suite, je me suis dit pourquoi ne pas le faire pour d’autres gens. J’ai cherché un organisme communautaire qui donnait ces services. En janvier 2003, j’ai débuté comme accompagnatrice aux transports médicaux. À partir de ce moment, me rendre utile fut ma devise.

En 18 ans, j’ai vu, entendu toutes sortes de choses drôles, fascinantes et déconcertantes. Il y a eu pendant plusieurs années ma clientèle Alzheimer, ceux et celles moins avancés et les plus vulnérables. Il faut beaucoup de patience et bien jouer le jeu avec eux. Comme cette jolie dame qui n’avait pas emporté son sac à main. À toutes les minutes, elle me demande : ” Où est mon sac à main? ” Et de lui répondre : « Mais madame, vous ne l’avez pas pris ce matin » ah ah! qu’elle me répondait et cela recommençait toutes les minutes jusqu`à son domicile.  C’étaient nos conversations hebdomadaires. D’autres, c’était l’amour fou. Un beau jeune homme de 96 ans me faisait la cour et me disait tendrement : « Que je t’aime donc » et se risquer à me baiser la joue. Il était heureux chaque vendredi, toujours de bonne humeur et de beaux petits mots d’amour. Puis, il y eut trois beaux jeunes hommes d’âge avancé. Vous imaginez une femme au volant avec 3 hommes. Ils s’en disent des choses quand les épouses ne sont pas là. Moi j’ai bien rigolé. Puis, j’ai reçu une offre inimaginable d’un de ces messieurs. On m’a offert de l’argent pour me voir dans mon plus simple élément. Mon prix serait son prix et on irait dans un bel hôtel me disait-il. Chaque semaine il me reposait la question et chaque fois je lui répondais que je ne pouvais faire car ce n’était pas dans mes principes et mes valeurs.

D’ailleurs toutes ces personnes vulnérables, je suis aux petits soins car elles ont besoin d’aide et elles apprécient tellement le geste. Elles ont besoin de nos services et en bonus, on leur offre de l’attention, de l’aide à entrer et à sortir du véhicule, attacher leur ceinture et j’en passe.  Les remerciements sont tellement gratifiants et généreux que cela fait ma journée. C’est la satisfaction du devoir accomplie.

Notre horaire est différent chaque jour et nos transports aussi. J’aime tellement ce modèle de vie, aucune pression, on lit ou on fait des mots croisés en attente des clients. La première qualité des bénévoles est la patience puis l’empathie, la disponibilité, l’engagement et la débrouillardise.  Il faut aimer être sur la route, si on veut faire l’accompagnement de transport. J’aime tellement cela que je le fais 5 jours semaines et exceptionnellement 6 jours depuis 2003.

Je dois aussi vous parlez de mes personnes en traitement de radiothérapie 5 jours semaine. Souvent, je commençais et terminais avec eux. Jour après jour, semaine après semaine je les accompagne physiquement et moralement. On devient sans le vouloir des confidents, des psychologues thérapeutes et amis. Pour leur remonter le moral, j’ai décidé à chaque semaine de traitement d’arrêter le vendredi chercher un cappuccino glacé. Je leur disais : « C’est vendredi, on mérite une gâterie » et ça à marcher. Cela les rendait heureux. Car c’est long 5 à 6 semaines de traitements. En les écoutant, je remercie le ciel d’être en santé.

Parfois, cela n’est pas toujours plaisant de revenir d’un transport avec notre cliente de Québec et être prise dans une tempête de neige avec tous les inconvénients reliés à la route et qui fait monter la pression. Il y a aussi des attentes parfois très longues, mais cela fait partie du marché. Il nous arrive de consoler certaines personnes qui pleurent suite à une mauvaise nouvelle.  Et les enfants aussi à l’arrière qui boxent sur votre siège dont il faut remettre de l’ordre.  Car notre clientèle est de 0 à 100 ans. Il y a aussi les Germaines qui nous disent où passer ou exigent tous les gadgets dans l’auto.

Je pourrais en parler encore et encore, ce n’est qu’un petit chapitre en 18 ans. J’aime mon travail et mon centre d’actions bénévoles, les rencontres et les belles conversations que j’ai avec plusieurs de mes clients. J’aime les remerciements que les gens nous témoignent.

C’est mon histoire racontée brièvement mais si enrichissante.  Je ne changerais mon travail pour rien, car je le trouve des plus stimulant et gratifiant. J’espère que j’aurai inspiré des personnes à adhérer à faire du bénévolat. Elle nous apporte un bien-être et une joie de vivre.

À vous de vivre vos expériences.

Danielle Miron

Repentigny